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Unknown Caller

6 janvier 2012

Éduquer

  Oui éduquer. Voilà le premier mot pour un tout premier édito, nouvel exercice auquel je me livre désormais. C'est le rôle de nombre d'institutions, qui ne le font malheureusement pas assez. A commencer par les politiques mais également les mécias, et notamment la télévision. L'éducation vient de faire son entrée sur la scène du petit théâtre de la campagne présidentielle. Elle est un enjeu majeur de cette dernière certes, mais les politiques pourraient peut-être simplement commencer par faire preuve eux-mêmes de pédagogie. Même si cela fait partie du jeu politique, le ping-pong des idées qui les arrangent peut très vite devenir un fatras incompréhensible et dont rien ne ressort. Je m'explique. Lorsqu'un camp ou l'autre fait une proposition de loi, ou de réforme, elle n'explique pas en quoi consiste la réforme, ou n'explique bien entendu que ce qui l'arrange. Bien sûr, tous les textes sont disponibles facilement et gratuitement, notamment grâce à Internet, mais le commun des mortels ne faisant pas partie de " l'élite ", n'ayant pas fait l'ENA ou Sciences Po, ne peut forcément comprendre sans vulgarisation. Bien entendu, il est de l'autre camp de répondre avec les arguments contraires, les éléments éludés par les réformateurs, mais éludant à leur tour ce qu'il est bon de garder dans une proposition. Et comme je le disais plus haut, ce ne sont pas les médias, et certainement pas la grand messe de 20h qui sont là pour expliciter toutes les subtilités du jeu politique. Il est en effet préférable de s'attarder sur les frasques de DSK, les tweets de Nadine Morano ou encore de commenter des petites phrases sans intérêt sorties de leur contexte, plutôt que d'expliquer aux Français quel impact tel ou tel texte aura sur eux, le pourquoi du comment, surtout en ces temps de crise où les inquiétudes sont grandissantes, et la démagogie de plus en plus présente, à une centaine de jours du premier tour de l'élection présidentielle.

   Un exemple. Depuis quelques jours, ont peut entendre parler à droite et à gauche de TVA sociale, ce qui consisterait à augmenter la TVA de certains produits de trois points. Le but ? Alléger le coût du travail et faire passer une part du financement de la sécurité sociale sur la consommation grâce à ces trois points de plus. Le problème ? Les opposants et le Parti Socialiste en tête de gondole ont bien entendu sauté sur l'occasion. Le problème, et il est légitime de se poser la question, est que ce sont à nouveau les classes moyennes et populaires qui vont souffrir de cet impôt à cause de l'augmentation des prix. Mais qu'est-ce qu'omettent les opposants ? Que la dernière augmentation de TVA en France qui était de deux points avait à peine affectée les prix et n'avait pas fait plonger la consommation comme cela est prédit par certains hargneux anti-sarko primaires. Et l'on oublie également que l'allègement du coût du travail, si moindre soit-il, reste un avantage certain pour l'attractivité et la compétitivité. Et comment ai-je compris tout cela ? En écoutant France Inter ce matin, à 7h20. Parce que pendant 10 minutes, l'excellent Patrick Cohen a animé une discussion sur le sujet entre deux économistes indépendants politiquement et qui ont parfaitement réussi à vulgariser le problème, tout en développant des alternatives: l'économiste Bernard Marisse soulignait qu s'il y a un problème de sécurité sociale, c'est parce que il y a du chômage, qui est un souci majeur, que les dividendes versés aux actionnaires des entreprises versés par ces dernières représentaient 6% du P.I.B quand le déficit de la Sécurité Sociale représente 1%, et qu'au-delà du travail, le capital coûtait lui aussi cher aux entreprises. Il suffirait donc de taxer le capital, plutôt que de faire une mesure inutile et tardive.

   Voilà tout ce que j'ai pu apprendre en dix minutes grâce à la radio tôt le matin, écoutée par un nombre limité de gens, et pas grâce au programme le plus suivi tous les jours en France, le journal de 20h. Dans ces quelques lignes, je vous aurais certainement plus informé, toute proportion gardée, que n'importe quelle réaction à chaud démago d'un candidat à la présidentielle ou d'un de leurs sbires. J'ai pris quelques minutes de mon temps, pour vous transmettre ce que j'ai appris, et je trouve ça plus important que la couleur du pyjama de Giulia. C'est quoi, quelques minutes pour expliquer, renseigner, éduquer ? Certainement pas du temps perdu.

Kevin D.


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